EXODUS

Je suis sorti l’autre soir dans un bar, l’Exodus, avec Benoît, ce grand copain de longue date qui, par le plus grand des hasards, se retrouve avec moi au Mali pour la même durée, la même période, à 100 kilomètres de distance. Il travaille pour une petite radio locale située dans le petit village de Sanankoroba, à 30 kilomètres de Bamako.

Nous sommes sortis du bar lui et moi vers 3h30 du matin après avoir rincé la tasse, après avoir rencontré une foule de coopérants – la pluplart avec SUCO – et j’ai pris un taxi pour rentrer au Massaley. À mi-trajet, le taxi s’immobilise. Un policier, vêtu d’un ensemble « soldat » bleu marine me regarde.

- Contrôle Monsieur, vos papiers!
- Je ne les ai pas, ils sont à mon hôtel.
- Vous devez avoir vos papiers Monsieur!
- Pour me les faire voler?
- Sortez de la voiture Monsieur.

Je m’exécute. Je sais qu’il veut de l’argent. Je m’assieds sur un petit banc. Je rage et fulmine mais dose mon expression. Un homme s’approche, il a des lunettes fumées. Il prend place à mes côtés.

- Ça sera 3000 francs pour la contravention.
- 2000 et je pars tout de suite.
- D’accord.

Je lui tends la monnaie. Je suis rouge de colère, claque la porte du taxi qui démarre en trombe. Je gueule un peu, me calme; le chauffeur est outré.

Nous sommes à un feu rouge, la voiture est immobilisée. Une femme s’approche, parle avec le taximan. Elle prend place sur le banquette arrière. Je la regarde, dis « Bonsoir » par politesse puisque les salutations sont très importantes dans ce pays. Elle me salue, mais d’une manière inattendue.

- Tu voudrais qu’on aille dans un petit coin tranquille, juste toi et moi?

C’est le bouquet. J’en crois pas mes oreilles. Je suis encore sur l’adrénaline de ma mésaventure avec le policier. Je réponds non, que ça ne m’intéresse pas. Me demande d’où je viens. Canada. Elle me parle en anglais. Je réponds en anglais que je préfère le français. Elle réitère son invitation. Cette fois je me fâche. Je veux dormir, je suis fatigué, éméché par l’alcool et le décalage horaire, bref, elle me fait chier. Elle n’insiste plus, s’arrête au prochain stop.



Vue sur la rue - sur le toit de l'édifice du CECI

***

Semaine tranquille à l’hôtel, crampes, nausées et diarrhée au menu, beaucoup d’eau car il faut éviter de se déshydrater, un cipro par ici car les allers-retours au toilette n’en finissent plus. Bref, je suis fatigué, déjà, mais « le meilleur est à venir » que je me dis et il faut bien passer un jour par là; je ne suis jamais tombé véritablement malade lors d’un voyage : une première fois s’impose.

Sinon Benoît semble s’amuser à Sanankoroba; il a été baptisé Boua Konate, qui signifie « mât de l’oiseau ».

Quant à moi, j’ai l’impression que mon baptême est pour bientôt.

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