PIQUE-NIQUE, PORT ELIZABETH, MONTAGE


Oui, je sais, j’ai négligé considérablement mon blog. Au risque de paraître ingrat, j’ai traversé des rivières de serpents, gravi une montagne de fleurs épineuses et marché sur des charbons ardents pour me rendre jusqu’ici, au début de la page, afin de trouver une explication logique à mon absence prolongée.

Mais pour être exact, ce fut plutôt calme. Mathieu et Évelyne ont passé cinq jours chez moi (à mon grand désarroi). J’ai ensuite passé près de trois jours à acheter des trucs pour l’ordinateur dans les bureaux de GIWUSA. Après une certaine réussite, j’ai tenté de monter mon projet sur des logiciels bidons qui ne fonctionnaient pas ou qui me coinçaient dans un montage trop précaire; j’ai attendu une journée complète le téléchargement du logiciel Adobe Premiere 6.5. Bon, c’est pas Final Cut, mais j’étais tellement content d’avoir un logiciel « correct » que j’ai passé le lendemain rivé sur mon écran comme un geek à observer mes rushes, à rager chaque fois que le son est merdique et à maudire le fait que je ne possède pas de trépied. Histoire courte de mes derniers jours passés ici. Exception : la fin de semaine dernière.

Andile a décidé que samedi, on sortait. C’est un restaurant-bar, le genre bon chic bon genre dans le nouveau centre-ville de Joburg. C’est plein de palmier, un toit avec de la paille, style bien Africain avec des dalles de marbre. Au début de la soirée, je remarque bien quelques blancs mais rapidement, ils quittent la place, comme si le baril de poudre à canon allait exploser. Bière par-dessus bière, Jameson par-dessus Jameson, la soirée est fébrile, un groupe de six filles m’accoste et la première question est : where are you from?. Bon, j’ai déjà le goût de changer de place, je reste poli, suis French Canadian, j’ose dire Québécois, elles comprennent rien, ai pas le temps de parler politique, Andile m’attend pour aller danser et prendre un autre verre. Plus tard une vraie black mama s’approche de moi, elle me tend un numéro de téléphone, je comprends rien, son accent est trop fort; Andile s’en mêle, c’est la fille là-bas avec le gilet bleu qui veut que je l’appelle, je suis mort de rire et Andile s’étouffe avec son verre de bière, il prend le papier, moi je m’en fous; eh Andile, on va danser? Il y a une autre black mama qui danse avec Andile, les noirs ont une façon si particulière de bouger, comme si le rythme attaquait leurs muscles et qu’ils ne pouvaient s’empêcher de jouir au son de la musique. On termine la soirée dans un pub de jazz, c’est plus sain et ça nous permet de désaoûler, on est un peu mieux, on reprend la bagnole direction maison dodo.

Le lendemain, plus éméchés, moi et Andile avons le plaisir d’emmener Linda (sa fille de 6 ans) et sa ribambelle d’amis pour un pique-nique au parc. Ce parc est grand comme le parc minicipal, à Québec. Cours de tennis, terrains de football, piscine, jeux pour enfants et un lac avec plusieurs petites chutes à chaque extrémité. Mignon, pittoresque, enchanteur; de grands saules pleureurs déversent des feuilles sur nous; les enfants jouent au ballon, moi je joue avec les enfants et le ballon, quoique c’est du pareil au même, je joue avec les enfants-ballons, ils tourbillonnent dans les airs, font la fusée, volent, se rendent jusqu’à Dakar et reviennent par la sente qui débouche sur l’entrée du parc, là où un gardien, fatigué de sa journée, roupille tranquillement sur l’asphalte chaude.

Cette semaine je tente de terminer mon montage. Malheureusement, j’ai prêté mon micro à Jonatan il y a près de deux semaines pour l’interview à Sonderwater. Il a été dans l’impossibilité de me le remettre. Ce précieux objet s’est donc retrouvé entre les mains de deux personnes dont j’ignore l’existence avant que je ne pète un plomb. Finalement, Mathieu a déniché mon micro à Orange Farm, à 40 kilomètres de Joburg. Le plomb une fois pété, j’ai repris mes esprits et j’ai décidé d’attendre patiemment. C’est dommage car mon montage est foutrement avancé. Je suis en Afrique. Y’a rien qui presse.

Prochains jours : achat de billets pour Port Elizabeth, ville côtière, paradis des surfers (je dois essayer ça une fois dans ma vie, au risque de me battre avec un requin) et tourisme oblige, lieu fréquenté par de riches bourgeois. Au menu : trois jours de plages et deux jours de travail. Je vais aller filmer une communauté que l’on a expropriée de son territoire. J’ignore ce dont il s’agit dans les faits. Plus de détails dans les jours à venir. J’ai encore des trucs prévus mais je vais me taire pour éviter d’en raconter trop. Il est tard et je vais m’endormir sous le ciel de Jozi.

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