DANS LA TOURMENTE

J'avais écrit, dans mon dernier message, pour le terminer, un peu sans penser : "Imaginez la semaine prochaine...". J'avais écrit cela avec le sourire, avec l'esprit niais et pour prendre un peu l'histoire du scorpion à la légère. Et pourtant. Je sors de l'hôpital. 4 jours et 3 nuits d'hospitalisation ont été nécessaires à ma rémission qui elle, est toujours en cours. J'ai fait une crise de paludisme ou, pour ceux qui connaissent mieux l'anglicisme, la malaria. Je voudrais raconter l'histoire car il y a eut une négligeance dans cette histoire. On pourrait croire que le paludisme s'attrape comme ça, mais certaines dispositions doivent être prises pour éviter d'être contaminé. Je prenais ces dispositions depuis mon arrivée. Jusqu'à ce que j'accepte le contrat d'un professeur pour aller dans le trou perdu de Markala où j'ai été exposé au risque de multiples piqûres contre mon gré. Le paludisme, dans mon cas, ce fut : montée de fièvre jusqu'à 39.6 (Benoît a cessé par la suite de prendre ma température et est passé à l'action en appelant une bagnole à ma rescousse), mal de crâne terrible, nausée, vômissement, sudation excessive, douleurs au cou, aux articulations, déshydratation, toux et diahrré. Je ne me plains pas. Je souhaite simplement expliquer.

Je ne savais pas si je devais le raconter. Si je le fais, c'est pour me souvenir. Et pour prévenir. Je suis à Bamako dans une chambre d'hôtel offerte par le CECI pour ma convalescence. Je suis mieux mais épuisé et irritable.

Dans ma tourmente un soir j'ai écrit sur un bout de papier. Voici :

Ce soir mon oeil d'évier fuyant a mal
debout je titube comme un alcoolique vieilli de porto
couché je donne une syllabe pour un mot

c'étail la lune dernière
je dormais sous un cent d'étoiles
j'ai senti marcher sur ma peau le moustique fièvreux l'araignée et l'insomnie

depuis je grelotte une langue de pays d'Afrique
là où le Niger donne la vie et la retire

La personne qui a été présente, c'est Benoît. Je lui dois énormément. On a ri, on a tout simplement déliré dans ma souffrance et ce fut génial. Il a été plus qu'une présence, il a été ce qu'on appelle un ami. Il a droit à tout le dévouement de ma part. Ce n'est que partie remise.

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