JE ME NOMME N'TJI COULIBALY

La fin de semaine fut heureuse; j’ai acheté ma Moto, Benoît (Bôa Konaté) est venu me visiter, et j’ai été baptisé, enfin. N’Tji (il faut prononcé Dji) Coulibaly. Les Coulibaly sont une famille qui régna à l’époque de l’empire des Malinkés. N’Tji (le prénom) est habituellement attribué à l’aîné de la famille, celui qui en sera le chef. J’ignore pourquoi on m’a baptisé ainsi.


Benoît avec vue sur Koulikoro

Les aventures ont déboulé à un rythme effarant depuis trois jours; de l’état stationnaire dans lequel je me trouvais depuis mon arrivée j’ai enfin pu découvrir le monde qui m’entoure. L’achat de la moto y est pour quelque chose. Je ne suis plus tributaire d’une personne ou d’une autre pour me déplacer.

Benoît s’est pointé le bout du nez samedi vers 15h après un long voyage en sotrama, l’un des moyens de transport que l’on peut emprunter si l’on veut se déplacer d’un endroit à l’autre (c’est aussi le moins onéreux). Les sotramas se distinguent par leur forme rectangulaire et leur couleur vert forêt, ils sont tous cabossés et/où accidentés, les chauffeurs sont des cinglés de la route, ils tombent en panne une fois sur trois et ils arrêtent tellement souvent que vous prenez le double du temps pour vous rendre à destination.

Fin de journée plaisante, je me suis planté dans le sable avec la moto, rien de grave, les Maliens en ont ri un coup; puis on s’est arrêté dans un petit maquis pour manger et prendre un verre. La moto, lorsque j’ai voulu redémarrer, ne démarrait plus – j’avais eu des problèmes avec la serrure mais rien de bien grave et j’était quand même tombé et c’est la moto qui avait subi les chocs. Quatre maliens nous ont entouré, ils essayaient de la réparer, le soir dans la noirceur, j’appelle Fofana, il arrive puis appelle le mécano. Un gamin d’environ quatorze ans sur une moto débarque, et en moins de deux nous voilà moi et Benoît sur la moto qui se dirigeons vers le garage. Le mécanicien donne son verdict : il faut changer la serrure car le contact ne se fait plus. Coût : cinq dollars ou 2000FCFA. Nous nous donnons rendez-vous pour le lendemain matin.
Benoît dit :
  • "Moi je prends une bière en arrivant."
  • "Moi aussi!"
  • Nous avons ri, jasé, bu, nous avons
  • découvert des insectes que nous n’avions jamais vu.

Marché de Koulikoro - Où suis-je dans la photo?
"François, as-tu vu sur le mur, juste à côté de ta porte?"
  • "Bordel! C’est ben gros! Non! Non! Ça ça reste pas dans ma maison."
J’ai pris une bouteille d’eau d’un litre et demi pour assommer la bébitte, ça dit tout sur la grosseur de l’insecte en question, qui était noir et luisant, de la grosseur et de la forme d’une souris d’ordinateur. J’ai aperçu, quelques instants plus tard, un gros bidule vert fluorescent et longiligne qui grimpait sur la paroi du mur. Bang! Dehors! D’un côté, il y a Benoît plié en deux, qui se tord de rire et il y a moi, qui me questionne sur la provenance de ces insectes que je n’ai jamais vus avant cette soirée.

Fillettes de la ville de Koulikoro
Le lendemain, nous nous sommes réveillés tôt pour aller voir les piroguier sur le Niger, j’ai pris des photos et la moto s’est retrouvé entre les mains d’Ousman, mon mécanicien et bon ami de Fofana.

Découverte de la ville, de recoins, je photographie des enfants qui sourient et crient à la vue de l’appareil photo, je jubile, c’est jour du marché à Koulikoro aujourd’hui, on fait le tour, Bôa s’achète une chemise, moi une radio, les prix sont dérisoires – quelques dollars. Nous nous arrêtons dans une rôtisserie, on se prend du mouton; c’est gras et bon, ça goûte l’Afrique, et décrire ce que goûte l’Afrique c’est comme définir le goût du sirop d’érable; sucré et indéfinissable.

Je fais la connaissance d’Idrissa; il s’occupe de la rôtisserie, c’est son grand frère qui en est le propriétaire. On prend le thé, je grignote de la noix de kola, on discute, l’un des gars possède une pirogue. Il nous invite à pêcher lorsque nous aurons le temps. Je demande si je pourrais venir avec ma caméra pour filmer sur le Niger. « C’est pas un problème! » qu’il me répond et cette réponse me réjouit d’un coup de soleil en plein visage.

Benoît est parti à Sanankoroba. Je sais que la prochaine fois que je le verrai ce sera chez lui, dans cette autre partie du Mali, là où les arbres sont plus rares que chez moi, là où le relief est plat.

Coulibaly rencontrera son cousin Konaté.

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