BETA

J’ai pris trois semaines avant d’écrire ces quelques mots. Je devais prendre le temps de me mettre en perspective je crois. Prendre le temps de panser des blessures ou, du moins, de les recouvrir brièvement d’un voile de soie. Le retour est un abîme d’espoir. Un abîme car j’aime. J’aime à m’en déchirer les yeux, à en déchiffrer les astres. Un abîme porteur d’espoir car le prochain départ, déjà, se faufile dans l’horizon et se rapproche. Je le sens au fond de moi comme un funambule qui rêve de sommeil sans marche, sans réveil, hors du lit.

Mes derniers moments à Bamako furent magiques, sublimes; ma rencontre de fin de mandat avec le partenaire émotive, belle, satisfaisante. Je suis parti couvert de cadeaux, les rires dans la bouche et la crainte du retour au creux du ventre. Je pense à tous et je les remercie. Je vous offre un grand bouquet de syllabes et de consonnes.

J’ai regardé tous les messages de mes précédents voyages. J’ai reculé dans le temps en relisant les courriels de ceux qui m’ont écrit : je fais le compte à rebours des pays traversés depuis trois ans, de ceux et celles qui m’ont accompagné durant, de ceux et celles qui ont simplement traversé ma route. De ceux et celles qui l’ont quittée.

C’est étrange cette sensation de retour en arrière que j'éprouve, cette sensation d’avoir déjà vécu ce présent qui s'offre à moi; d’avoir ressenti le tressaillement dans tous les membres. On dirait que le cycle des histoires se répète et qu’il prend sa source dans un lac gelé, au nord des pays de neige. Revenez me voir un peu plus tard. D'ici quelques mois. Peut-être que je n’y serai plus. J’écouterai cette musique.

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